Une dépendance accrue aux réseaux
“Nous sommes fortement dépendants des infrastructures réseaux, or les effets du changement climatique peuvent les impacter très fortement”
Claire RAIS ASSA, cheffe de projet “Transition Écologique et Territoire” à France Stratégie
La France, comme l’ensemble des pays développées, fonctionne grâce à une multiplicité de réseaux. Qu’il s’agisse de réseaux de transports (routes, voies ferrées), d’électricité, de canalisation, de téléphonie ou encore de télécommunications, ils ont une place majeure dans le bon fonctionnement de la vie économique et sociale française. Chacun de ces réseaux ont leurs vulnérabilités, physiques et/ou fonctionnelles, et sont de plus en plus interdépendants. À titre d’exemple, le réseau ferroviaire fonctionne grâce au réseau électrique qui lui est géré grâce au réseau de télécommunication.
De part les évolutions démographiques et les bouleversements entraînés par la numération des activités, renforcée notamment par les crise du Covid-19 qui fut un véritable tremplin vers le télétravail à grande échelle, ces réseaux sont de plus en plus sollicités et se rendent de plus en plus indispensables. Mais ils sont, en parallèle, exposés à de plus en plus de risques liés aux bouleversements amenés par le changement climatique : augmentation des températures, multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, etc. Des événements comme la Tempête Alex (2020) qui a dévasté le département des Alpes-Maritimes, ou les tempêtes Lothar et Martin (1999) qui ont touché la France sont amenés à se multiplier et impacter nos infrastructures. Ces impacts se traduisent par d’éventuelles coupures d’électricités, des canalisations d’eaux, des infrastructures routières et/ou des communications.
Les infrastructures sont confrontées à un effet ciseaux entre d’une part une sollicitation de plus en plus importante et d’autre part une exposition aux risques qui s’agrandit. En entraînant une désorganisation certaine sur le territoire, des dommages sur les infrastructures réseaux entraîneront des coûts non négligeables pour leur remise en fonction.
Les infrastructures télécoms au coeur de la réflexion
En 2022, la Banque des Territoires et Infranum, fédération qui regroupe les entreprises du numériques, ont commandé une étude sur les risques auxquels sont exposés les réseaux de télécommunications. Les cinq risques suivant ont été identifiés :
- La malveillance
- La fragilité de la fibre aérienne, qui représente 50 000 km sur le réseau
- La non-conformité de certains déploiements
- La nécessaire intervention sur le réseau
- La capacité à réagir à une crise
Autant d’éléments qui sont facteurs de risques sur la continuité du service.
Cette étude conduit à des interrogations sur la capacité de résilience des infrastructures, les acteurs du numériques sont régulièrement en première ligne mais rarement consultés en cas de crise. Lorsqu’ils interviennent, ils sont confrontés à une multiplicité d’intervenants car la sous-traitance est un modèle développé dans ce secteur. Cette multiplicité nécessite une coordination entre l’ensemble de ces acteurs. Enfin se pose la question de l’anticipation du changement climatique, et des actions peuvent être menées.
Pour cet aspect, les acteurs du numérique sont volontaires pour un “Grenelle de la Résilience” qui serait développé par le Gouvernement pour établir une feuille de route et déterminer qui devra soutenir les coûts des travaux de modernisation et d’adaptation aux changements. Ces travaux se traduisent notamment par l’enterrement du réseau de fibre optique, pour le rendre moins vulnérable aux intempéries. Pour cette mission, le coût à supporter serait de 10 milliards d’euros pour la moitié du réseau (25 000 km). Le remplacement des fils de cuivres, plus sensibles, est également un chantier dont les estimations n’ont pas été dévoilées.
Avec le développement d’un tel plan, au niveau national, les collectivités territoriales seront nécessairement au coeur de la démarche car l’adaptation de ce plan au niveau local dépendra de leurs décisions politiques. La certitude et qu’elles ne pourront assumer le coût des travaux seules.
Clément KAROUBI, HCFRN
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