Image – Sippakorn Yamkasikorn, Pixabay

Alors que les années précédentes ont été marquées par l’occurrence d’incendies de grande ampleur (la ville de Gonfaron dans le Var en 2021, le département de la Gironde en 2022 par exemple) la question se pose quant à l’été 2024 et la probabilité d’observer de nouveaux événements similaires. En effet, dans un contexte d’intensification des épisodes caniculaires depuis les années 2015, l’observation de conditions propices au déclenchement d’incendies puissants apparaît comme davantage probable. Toutefois, il n’est pas possible de se prononcer, d’un point de vue météorologique, sur la possibilité d’une nouvelle canicule intense à ce stade. Dans cette perspective, l’article proposé cette semaine s’attachera à présenter le risque « incendie de forêt », avant de revenir sur les méthodes employées pour sa prévision, puis de cibler les stratégies de prévention et de protection. Étant donné la période estivale actuelle, connaître ces informations peut aider au développement d’une bonne résilience par les communes, les élus locaux ou encore les particuliers face à ce risque. 

Comment se répartissent les incendies de forêt et quelles en sont leurs origines ? 

Une note parue en 2020, publiée par le Ministère de l’écologie et de cohésion des territoires nous renseigne sur les statistiques relatives aux incendies de forêt en France métropolitaine. On y apprend que les départements méditerranéens ressortent comme étant les plus exposés au risque, avec un nombre de foyers compris entre 250 et 350 par an en Corse. Cela positionne cette région en tête des zones à risque, juste devant les départements du Var, des Alpes Maritimes, des Bouches du Rhône, de l’Hérault, de l’Aude, des Pyrénées Orientales, mais également (en dehors du domaine méditerranéen) des Landes et de la Gironde qui affichent 100 à 250 foyers recensés à l’année. 

Par ailleurs, 9 départs de feux sur 10 sont issus d’une origine humaine, volontaire (pyromanie) ou involontaire (d’origine accidentelle ou par négligence dans ce cas, qui correspond à la majorité des cas anthropiques) (Lebriton, 2020). Les autres cas « naturels » sont le plus souvent déclenchés par la foudre. Ces données mettent en perspective la nécessité de poursuivre une démarche active de sensibilisation et de prévention face au risque, auprès de toutes les tranches de la population. 

En termes de facteurs déclencheurs et de danger, le risque d’observer des incendies de forêt augmente selon trois facteurs que sont la chaleur, le taux d’humidité et la vitesse des vents. Une masse d’air chaud étant en mesure d’absorber davantage d’humidité, les airs chauds et secs seront en mesure d’accélérer la déshydratation des végétaux, conduisant à une plus grande capacité d’ignition. En parallèle, la présence de vent permet d’attiser les flammes et de provoquer des sautes de feux en particulier lors d’incendies de résineux, avec l’éclatement des écorces (brandons) transportées par les fumées à des hauteurs et distances variables selon leur intensité. Enfin, l’influence de la topographie n’est pas à négliger, un incendie étant en capacité de remonter une pente très rapidement, et de la descendre plus lentement. 

Dans ces conditions, on considère le danger comme étant maximal dès lors que la température sous abri normalisé (température de l’air) atteint 30°C, pour un taux d’humidité relative inférieur à 30%, avec un vent de 30 km/h. La prévision des risques intègre également le niveau de sécheresse de la végétation vivante (NSV2), c’est-à-dire la quantité d’eau présente dans la végétation basse (arbustes, buissons), l’Indice Feu Météo maximal de la journée (IFMx), une modélisation intégrant la température, l’humidité de l’air, le vent et les précipitations enregistrées sur une zone renvoyant une valeur correspondant au moment le plus défavorable de la journée, et enfin l’Indice d’Éclosion-Propagation maximal (IEPx) donnant le risque maximal de la journée d’incendie en végétation de sous-bois et strates herbacées mortes et sèches, en été comme en hiver (DRIAS – Météo France).

Toutefois, l’exposition aux risques d’incendies n’est pas une fatalité, car il existe des méthodes simples pour s’en protéger. La sensibilisation et la diffusion de l’information en sont la première étape, et se caractérisent par les campagnes visant à rappeler l’importance de ne pas jeter de mégots, de ne pas faire de barbecues en forêt, ou encore de ne pas utiliser d’outils ou de machines susceptibles d’émettre des étincelles dans un espace végétalisé en période à risque. En second plan, nous retrouvons depuis 2023 la « météo des forêts », une carte montrant le risque d’incendie par département, générée par Météo-France et adressée au grand public. 

Nous retrouvons ensuite les démarches actives, dont la Défense des Forêts Contre les Incendies (DFCI, en particulier dans le Sud Est), c’est-à-dire la création de pistes pour l’accessibilité des secours, la création de « coupures de combustible », constituées d’espaces totalement défrichés permettant de stopper ou ralentir la progression de l’incendie, l’installation de citernes DFCI pour le branchement des lances et enfin les patrouilles puis les surveillances en vigie. Enfin, vient l’aspect légal avec les arrêtés préfectoraux interdisant l’accès aux massifs forestiers selon le niveau de danger, ou les obligations légales de débroussaillement (OLD). 

La vitesse d’un incendie correspond, en moyenne à 3% de la vitesse du vent, bien que dans les faits cette vitesse soit également influencée par le type de végétation et le dénivelé de la zone en proie aux flammes. Il peut donc grandement fluctuer, et il arrive que des maisons se retrouvent alors menacées. Dans ces circonstances, l’importance de bien débroussailler prend tout son sens si l’on considère que cela permet aux secours de concentrer leurs moyens de lutte sur le front de flamme principal, au lieu de mobiliser des unités en vue de sécuriser le bâtiment rendu vulnérable. De plus, cela permet de rendre le confinement possible (sur une durée inférieure à une demi-heure le plus souvent) le temps de laisser passer l’incendie. En effet, cette option demeure bien plus sécurisante que de chercher à évacuer à tout prix, quitte à se rendre au devant du danger. Dans ce cas, les pompiers recommandent de laisser l’accès au terrain dégagé (portail ouvert), de fermer les volets, fenêtres, et de couper les systèmes de ventilation pour préserver l’air intérieur des fumées extérieures. L’ajout de linge humide en dessous des ouvertures est également nécessaire (SDIS 13, 2022). 

En conclusion, les conditions météorologiques influencées par le changement climatique intensifient le risque d’observer des feux de forêt sur le pourtour méditerranéen et le Sud-Ouest du pays, sans nécessairement s’y limiter. De fait, il devient indispensable de poursuivre la stratégie de lutte face à cette menace ainsi que la prévention auprès des populations, puisque les incendies sont pratiquement tous provoqués par une action humaine. En l’occurrence, le simple fait de respecter les obligations légales de débroussaillement, dans une perspective multiple de protection des forêts (pas de départ de feu depuis l’habitation) et de protection individuelle (possibilité de se confiner dans l’habitation en cas d’incendie arrivant de la forêt) pourrait grandement contribuer à une diminution des risques.

Maxime THOREL

Références : 

DRIAS — Site internet présentant des données climatiques pour la France, en collaboration avec Météo-France utilisé ici pour la définition des indicateurs feu de forêt — Disponible à cette adresse.

LEBRITON A-S (2020) — Feux de forêt, s’en protéger et s’en prémunir — Disponible en ligne à cette adresse.
SDIS 13 (2022) — En cas d’incendie, se confiner c’est se protéger — Communiqué de presse disponible à cette adresse.