Le mercredi 7 décembre dernier, la chaîne TMC consacrait un documentaire sur le Tsunami du Siècle qui s’est produit dans l’océan Indien en 2004. Ce risque, bien que moins élevé en termes d’impact, est bien possible sur le littoral d’outre-mer et de la métropole française. D’après l’UNESCO, “les statistiques montrent que la probabilité d’une vague de tsunami de plus d’un mètre en Méditerranée dans les 30 prochaines années est proche de 100 %”. 

Une vague est une onde mécanique qui se manifeste à la surface de volumes d’eau. L’origine principale de ce phénomène est le vent. À la différence des vagues classiques, les causes de la formation des grandes vagues destructives que sont les tsunamis sont principalement les séismes et les éruptions volcaniques sous-marines. Par ailleurs, le risque de tsunami existe également en bord de grand lac où il peut se produire à cause de phénomènes comme des glissements de terrain. Le tsunami historique le plus haut (plus de 500 m) a en effet été généré de cette manière. 

Le phénomène de tsunami évoque immédiatement les images dramatiques des catastrophes de décembre 2004 en Asie du Sud-Est et de mars 2011 au Japon qui ont causé la mort de plus 200 000 et 20 000 personnes respectivement. L’incident de Fukushima était inédit par sa triple nature mêlant le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire. Ces tragédies ont néanmoins fait progresser la gestion de ce type de crises et accéléré l’adoption de mesures internationales quant à la préparation et à l’alerte face à ce genre de catastrophes.

La Conférence des Nations Unies sur les océans s’est tenue cet été à Lisbonne, au Portugal. L’une des principales annonces était le déploiement mondial du programme « Tsunami Ready ». Ce programme mondial annoncé par la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay vise à “préparer 100% des populations côtières à la menace d’un tsunami d’ici 2030”. 

L’objectif de ce programme est de montrer que, bien que “le système mondial d’alerte aux tsunamis déployé et coordonné par l’UNESCO soit particulièrement efficace pour détecter sans délai un tsunami”, donner l’alerte à temps ne suffit pas. “Il faut veiller à ce que l’algorithme des actions à effectuer en aval de l’alerte soit déterminé à l’avance” et “que les populations sachent quels sont les gestes à adopter pour se protéger”. Il est important de constater que les tsunamis peuvent frapper n’importe quelle côte du globe, y compris la France. 

D’après l’inventaire historique des tsunamis en France du BRGM, 80 tsunamis se sont déjà produits en France depuis 1564, dont 32 en outre-mer, soit en moyenne un tsunami tous les 10 ans en France métropolitaine. 

Historique des tsunamis sur les côtes de la France métropolitaine depuis 1700.

Les territoires d’outre-mer sont les plus soumis au risque de tsunami du fait de leur présence sur tous les océans du monde. D’après un article paru en 2016 sur la préparation des Outre-mers aux tsunami, les DROM-COM auraient globalement du retard. On peut cependant noter que la Polynésie française est relativement bien préparée. Compte tenu des statistiques en métropole, les côtes les plus à risques sont celles en mer Méditerranée, où l’on a enregistré 23 tsunamis depuis 1700, puis les côtes en Manche et mer du Nord avec 9 tsunamis, et pour finir le littoral Atlantique avec 4 tsunamis. Il faut noter que les conséquences d’un tsunami de même amplitude sur deux endroits différents peuvent varier, d’où le fait que certaines zones soient beaucoup plus vulnérables (par exemple si une centrale nucléaire est présente).      

Les zones déjà touchées dans le passé ont plus de chances d’être touchées à nouveau. En effet, les séismes produisant les tsunamis ont lieu principalement dans des zones entre les plaques tectoniques dont l’emplacement est connu. Cependant, il est impossible de prédire l’épicentre et encore moins le moment du déclenchement d’un séisme. 

De ce fait, tout se joue dès le moment de la détection qui est primordial pour sauver des vies. Le service de détection national dispose de sismomètres situés dans les principaux ports du littoral de la métropole. Ce service collabore également avec les acteurs à l’international pour favoriser le partage de l’information et dispose d’un outil de veille efficace et opérationnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre et 365 jours par an. D’après Hélène Hébert, chef de laboratoire au CEA/DAM et expert tsunami, “au moment de leur détection, selon leur puissance et l’endroit de la mer Méditerranée où ils se déclencheraient, une heure s’écoule avant que la vague ne vienne frapper la terre”. Ce temps permettrait à la majorité de la population concernée, si informée à temps et préparée à agir dans ce genre de situation, de se mettre à l’abri. 

Temps moyen d’arrivée de tsunami sur la côte méditerranéenne en fonction de deux scénarios (rouge : séisme sous-marin au niveau de la côte algérienne, vert : glissement sous-marin en mer Ligure (Sahal, Leone et Péroche, 2013).    

On peut constater qu’en fonction du scénario, le temps d’arrivée de la vague peut varier entre 18 min et 1h30 pour la ville de Cannes par exemple. 

La ville de Cannes est une des villes françaises les plus préparées au risque de tsunami. On peut citer entre autres la présence d’un site dédié informant sur ce risque, expliquant le comportement à avoir, permettant de s’abonner à un système d’alerte. On peut également y trouver une carte montrant les zones à risques et les zones dans lesquelles il faut se réfugier en temps d’alerte. Dans la ville, une borne a été installée cette année pour informer sur les risques majeurs du territoire dont les risques tsunami. Un réseau de 250 hauts-parleurs est utilisé en cas d’alerte pour prévenir la population. Il existe également des indications sur le sol, sur des panneaux et autres supports guidant la population vers des zones sûres. La zone à risque est celle située à une altitude inférieure à 5 mètres par rapport au niveau de la mer et à moins de 200 mètres du rivage en zone de plaine. Ainsi, les indications incitent la population à se réfugier en hauteur et plus loin de la côte. Pour finir, le risque a été ajouté au DICRIM de la ville et une charte sur le risque de tsunami a été élaborée pour sensibiliser la population. On peut ajouter que la ville est en phase d’expérimentation d’une nouvelle plateforme d’alerte liée aux risques dont les tsunamis.

Le CNRS/IRD a mis à disposition le projet de recherche TASOMA qui étudie la préparation face au risque de tsunami en Méditerranée française pour aboutir à une carte intéractive donnant le nombre de logements dans la zone concernée, la population résidente et la fréquentation théorique des plages. On peut également y trouver des informations comme la surface des zones à évacuer en cas de tsunami.

Cartographie intéractive sur les zones concernées par les tsunamis mise à disposition sur Arcgis.

Ainsi le risque tsunami, bien qu’étant relativement faible en France, est bien présent et plus particulièrement dans les Outre-mer. La forte urbanisation du littoral ces dernières décennies a contribué à augmenter la vulnérabilité de ces zones face aux tsunamis. Il est préconisé aux communes du littoral exposées de prendre en compte ce risque dans leur DICRIM et de sensibiliser leur population aux signaux de détection et d’alerte, ainsi qu’aux bons réflexes à adopter. En effet, préparer la population à réagir à ce type de situation permet de renforcer la culture du risque, notamment la connaissance de son environnement et de son territoire. Savoirs et connaissances qui serviront, au-delà de la préparation aux tsunamis, à gérer et bien agir face à d’autres événements inédits.

Evgueny Vassiliev.

Pour en savoir plus :

Risque de tsunami en Méditerranée : comment la France se prépare

https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/risque-de-tsunami-en-mediterranee-comment-la-france-se-prepare_2182468.html

Résilience aux tsunamis : l’UNESCO formera 100 % des populations côtières à risque d’ici 2030

https://www.unesco.org/fr/articles/resilience-aux-tsunamis-lunesco-formera-100-des-populations-cotieres-risque-dici-2030

Il est quasiment certain qu’un tsunami se produira en Méditerranée d’ici 30 ans, selon l’Unesco

https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/tsunami-il-quasiment-certain-quun-tsunami-produira-mediterranee-ici-30-ans-selon-unesco-99268/

https://www.un.org/fr/conferences/ocean2022/about

« Énorme succès » pour la Conférence sur les océans qui s’achève par l’adoption d’une déclaration politique axée sur l’action

https://press.un.org/fr/2022/mer2156.doc.htm

Depuis 1700, 34 tsunamis sur les côtes françaises

https://www.lefigaro.fr/sciences/2011/04/06/01008-20110406ARTFIG00691-depuis-1700-34-tsunamis-sur-les-cotes-francaises.php

S’informer sur les raz-de-marées

https://www.gouvernement.fr/risques/tsunami

Prévention des risques majeurs : les tsunamis

https://www.cannes.com/fr/cadre-de-vie/prevention-des-risques-majeurs-securite/prevention-des-risques-majeurs-1/les-risques-naturels/tsunami.html

Le risque tsunami en Méditerranée occidentale : exposition et solutions préventives (France)

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03702578/document

SAHAL A., LEONE F., et PEROCHE M. (2013). Complementary methods to plan pedestrian evacuation of the French Riviera’s beaches in case of tsunami threat

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03138308/document

SAHAL A. (2011). Le risque tsunami en France : contributions méthodologiques pour une évaluation intégrée par scénarios de risque. Thèse de Doctorat, Université Panthéon-Sorbonne-Paris I

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00651617v2

Étude du comportement ondulatoire de l’eau

https://www.researchgate.net/publication/358043394_Etude_du_comportement_ondulatoire_de_l’eau 

Documentaire le “Tsunami du Siècle”

https://www.tf1.fr/tmc/21h-medias/videos/21h-medias-le-tsunami-du-siecle-partie-x-17284198.html