Les dispositifs de prévention des risques face aux défis climatiques

Face aux bouleversements climatiques, et à l’augmentation des risques naturels qui y sont liés, la stratégie est de créer des ouvrages de protection lourds, à l’instar des digues ou des murs de protection, ou d’évacuer certains endroits via des zones non constructibles. La première solution entraine des coûts financiers, humains et environnementaux très importants et des risques en cas de défaillances des ouvrages, tandis que la deuxième solution limite l’exploitation des terres. Face à ces défis, les réflexions se sont orientées vers des solutions naturelles.

Image par Peggychoucair de Pixabay

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), fondée en 1948, est particulièrement avancée dans le domaine. Sa mission est d’influencer, encourager et assister les sociétés mondiales dans la conservation et la protection de la nature. À ce titre, elle s’assure que l’utilisation des ressources naturelles est faite de façon équitable et durable. C’est dans cet objectif qu’elle a déployé les “Solutions Fondées sur la Nature”. Ces dernières cherchent à proposer une alternative économiquement viable et durable, en limitant les impacts sur l’environnement, via des processus de préservation, d’amélioration ou de restauration d’écosystèmes qui participent à la réduction et à la lutte contre les risques.

Ces solutions sont motivées notamment par l’interdépendance entre les écosystèmes et le climat. Le changement climatique va nécessairement modifier les écosystèmes, qui se retrouvent de fait menacés, mais ces derniers participent activement à la régulation climatique. En effet, la flore et la faune participent aux échanges d’énergies entre biosphère et atmosphère, notamment au niveau marin. Les océans retiennent une partie de la chaleur émise par le soleil et une partie du carbone, ce qui assure à la planète des températures tempérées. De plus, ils sont en mesure d’absorber une partie de la chaleur et des gaz émis par les activités humaines. Non seulement ils permettent de stocker du carbone, mais leur destruction entraîne de fait la libération dans l’atmosphère de l’ensemble du carbone stocké.

La mise en place d’aires protégées pour préserver les écosystèmes naturels, ainsi que la reconstruction de ceux endommagés ou détruits est donc une solution viable pour limiter les effets du réchauffement climatique. Cette mise en place nécessite une stratégie de long terme et la définition d’objectifs clairs.

Des solutions adaptées à chaque situation

L’UICN identifie plusieurs axes pouvant être développés selon les situations :

  • Restauration d’écosystème : On cherche à favoriser le rétablissement d’un écosystème endommagé pour lui rendre ses capacités maximales. Cela peut se traduire par exemple par le reprofilage d’une dune
  • Ingénierie écologique : On manipule des organismes naturels, faune comme flore, pour construire, entretenir ou réhabiliter un écosystème. On parle d’ingénierie écologique lorsqu’on plante de la flore sur une dune pour stabiliser le sable et limiter ses déplacements
  • Infrastructure verte : Solution urbaine qui consiste à créer une connexion “verte” entre les espaces naturels. Cela favorise le déplacement de la petite faune et permet de limiter les îlots de chaleurs urbains
  • Restauration des paysages forestiers : L’objectif est de restaurer les écosystèmes forestiers pour qu’ils remplissent de nouveau leur fonction de “poumon” de la planète en absorbant une quantité importante de CO2
  • Gestion fondée sur les écosystèmes : Si les solutions précédentes avaient la volonté de réhabiliter ou de réparer des écosystèmes, cette solution s’applique à préserver les écosystèmes actuels en bonne santé tout en y incluant les activités humaines. On s’appliquera donc au fait de maintenir les littoraux pour qu’ils protègent des risques de submersion marine
  • Adaptation fondée sur les écosystèmes : L’objectif est d’aider les populations à s’adapter aux changements climatiques pour réduire la vulnérabilité des personnes
  • Réduction des risques naturels grâce aux écosystèmes : C’est l’étape supérieure à la “Gestion fondée sur les écosystèmes” dans laquelle les écosystèmes sont des vecteurs de diminution des risques. Dans cette solution, les écosystèmes représentent une véritable barrière pour limiter l’impact d’une crise naturelle. À titre d’exemple, les zones humides et/ou marécageuses vont permettre de limiter les conséquences d’une inondation.

Dans un contexte de multiplication des crises et de prise en compte collective de l’impact des activités humaines sur les écosystèmes et le climat, interdépendants, il est nécessaire de s’interroger sur des solutions alternatives permettant de respecter l’environnement tout en conservant des activités humaines. La prévention et gestion des risques ne doit pas échapper à cette réflexion, les solutions actuelles pouvant être vecteurs de dérèglements, notamment les dispositifs marins qui modifient les courants et les phénomènes d’érosions côtières. La mise en place de solutions “naturelles” semble de fait présenter un double avantage : limiter l’impact sur l’environnement et les écosystèmes tout en restaurant la biodiversité ce qui permet de limiter le réchauffement climatique.

Clément KAROUBI

Pour aller plus loin

“Les solutions fondées sur la nature pour lutter contre les changements climatiques et réduire les risques naturels en France” – UICN Comité Français – Lien

“Les solutions fondées sur la nature pour les risques littoraux en France” – UICN Comité Français – Lien

“Building Community Resilience with Nature-Based Solutions” – Federal Emergency Management Agency – Lien