La perspective de coupures du réseau électrique cet hiver n’est pas à exclure au regard de nos capacités réduites de production. Tant le gouvernement que les grands opérateurs d’infrastructure s’y préparent. Nous savons déjà que ces coupures de courant, appelées délestages tournants, risquent d’affecter tant des territoires ruraux que péri-urbains, voire urbains.

Les conséquences d’une coupure électrique sont connues et très importantes. Tant pour l’activité économique qui va se trouver quasiment à l’arrêt, que pour la sécurité des personnes et des biens.

Les pertes de réseaux en cascades : énergie, télécommunication, voire, eau potable peuvent se succéder dans le temps, en fonction de la durée de l’interruption. 

Le risque de voir indisponibles les réseaux mobiles 3-4-5 G peut survenir dans l’heure suivant la coupure, et la rupture de l’alimentation en eau potable dans les 8 à 24 heures suivant les différents paramètres du réseau local de production et de distribution… Sans oublier l’assainissement qui peut aussi être affecté (arrêt des pompes) et le téléphone fixe (principalement fibré aujourd’hui) dépendant des relais, eux aussi vulnérables aux coupures.

Si les coupures électriques restent dans les 3 heures annoncées, la problématique majeure sera les conséquences sur les communications mobiles et peut-être les fixes, avec comme corollaire l’impossibilité d’acheminer les appels aux services d’urgence : Sapeurs-Pompiers, Samu, Police ou Gendarmerie. Mais aussi, le risque accru d’accident routier avec l’absence de feux, la menace accrue de cambriolage ou d’attaque sur des commerces, la sécurité des personnes vulnérables ou l’arrêt des pompes de carburant pour ne citer que quelques exemples, bref une société quasiment à l’arrêt.

Le/la maire doit à mon sens déclencher son PCS en amont (plusieurs semaines) et mettre en place des dispositifs palliatifs et informatifs AVANT les coupures d’énergie puisque normalement l’information doit être donnée sur la date et l’heure des coupures.

Quelles peuvent être ces actions ?

En amont,

  1. Avoir un PCC (Poste de Commandement Communal), si possible autonome en énergie (groupe électrogène) et avec une capacité d’appel téléphonique : fixe, et si possible satellitaire pour relayer un message d’urgence, ou au pire avoir une capacité d’estafette (personnel et véhicule) pour prévenir physiquement le centre de secours ou la brigade de gendarmerie ou le commissariat le plus proche. Anticiper ces actions avec les acteurs de secours concernés en les prévenant du dispositif mis en place.
  2. Préparer le Plan de Continuité d’Activité (PCA) de la commune : identifier les services indispensables à la population, les prioriser, définir les solutions de fonctionnement minimal de ces services sans électricité et enfin être prêt à déclencher le PCA en quelques heures.
  3. Informer les populations des bons gestes : s’inscrire à l’alerte coupure de l’application Ecowatt, mettre en sécurité l’informatique, avoir des lampes électriques avec des réserves de piles, prévoir un repas froid les jours de délestage, ne pas ouvrir les portes des réfrigérateurs et congélateur, ne pas utiliser d’appareils fonctionnant au charbon de bois ou au gaz dans le logement pour éviter les intoxications au monoxyde de carbone, être vigilant avec les bougies, éviter les déplacements pendant les coupures, etc. Bref du bon sens, à relier aux habitudes des territoires.

En cas de premiers signaux,

  1. Déclencher le PCS avant la coupure et mobiliser l’équipe de crise au PCC.
  2. Mailler le territoire avec un réseau radio communal, assuré par des agents de la Police Municipale et/ou des services techniques dans chaque quartier, permettant aux populations d’avoir à proximité un lieu connu et identifié à l’avance pour en cas d’urgence être apte à déclencher des secours.
  3. Sécuriser ou garder les lieux sensibles
  4. Prévenir les employeurs de fermer ou de réduire leur besoin en personnel sur ces journées.
  5. Recommander à la population d’éviter les transports, ainsi que de prendre les ascenseurs, à l’approche et pendant les coupures pour diminuer le risque d’accident.

En résumé, il faut apporter un soin particulier aux sites sensibles qui peuvent être sur la commune et aux personnes fragiles qui peuvent être mal préparées. Information, suivi et préparation sont la clé.

Le risque pour le maire étant toujours sa responsabilité en matière de police et de prévention sur un risque « connu, prévisible et annoncé ».

Pour conclure, Madame la maire/Monsieur le maire, il faut se préparer, et vous n’avez pas une minute à perdre.

Christian Sommade.

Pour aller plus loin :